Du 1 février 2013 au 18 mai 2013
Ce programme travaille sur la poétique du marronnage dans les dramaturgiesd’Afrique et des diasporas et interroge plus particulièrement le corps comme territoire, comme espace d’écriture, de mémoire, de dépassement ou de reconquête identitaire dans les formes scéniques contemporaines.Laboratoire SeFeA – Scènes Francophones et Écritures de l’AltéritéAxes de recherche : Arts de la scène et problématiques post-coloniales : histoire et imaginaire, dramaturgie, esthétique et mise en scène, anthropologie de la représentation.Ce laboratoire, au sein de l’IRET, Institut de Recherche en Etudes Théâtrales (dir. Gilles Declercq et Joseph Danan, Sorbonne Nouvelle-Paris 3), a ouvert un vaste chantier consacré aux poétiques des dramaturgies du monde francophone traversées par l’histoire coloniale et l’histoire des migrations, en particulier les dramaturgies d’Europe, d’Afrique, d’Amérique(s), des Caraïbes, du Pacifique et des diasporas nouvelles et anciennes. Ces recherches concernent autant les dramaturgies modernes et contemporaines que les expressions scéniques du passé.
01/02 de 16h à 20h au Musée du Quai Branly
(salle 3)
Assemblée générale du laboratoire : programme de travail au sein de l’IRET et grandes orientations Présentation des travaux de thèses par les doctorants du laboratoire et les étudiants invités Intervenants :
Vanessa Boulaire, Axel Arthéron, Agathe Bel, Sylvie Ngilla, Anaïs Nony,
Pénélope Dechaufour, Amélie Thérésine, Fanny Le Guen, Ramcy Kabuya et Roselaine Bicep
22/02 de 16h à 20h au Musée du Quai Branly
(salle 3)
Marronnages et Blackface
A Negress of Noteworthy Talent: Kara Walker, l’alliance miraculeuse. Autour du projet « En guise de divertissement ».Intervenants :
Rémi Astruc, Université de Cergy
Compagnie Théâtre Inutile
22/03 de 16h à 20h au Musée du Quai Branly
(salle 3)
Dramaturgies contemporaines et « pratiques amateurs » en Afrique noire
Interculturalité du théâtre en Centre Afrique Le théâtre au Katanga (RDCongo), l’expérience Io à LubumbashiIntervenants :
Hurel Régis Beninga
Pénélope Dechaufour
17/05 de 16h à 20h au Musée du Quai Branly
(salle 3)
Grotesque et autres détours carnavalesques
Le corps grotesque sur la scène africaine : un comique résistant Le carnaval de Cayenne : esthétique et subversion. Histoire d’un phénomène festif issu du fait colonial Passages, passerelles et chemins carnavalesques dans l’univers des dramaturgies contemporaines des CaraïbesIntervenants :
Christine Ramat, Université d’Orléans
Blodwenn Mauffret
Lima Fabien
Vanessa Boulaire (Sorbonne Nouvelle-Paris 3)
La rencontre de l’Autre dans le théâtre français de la Saint-Barthélemy à la Révolution Française: enjeux politiques et philosophiques.
Les Grandes Découvertes confrontent les Européens à un Autre que lui en tout point différent (religion, société, physique, …). Le théâtre offre l’opportunité de l’expérience au plus grand nombre or le théâtre n’est qu’artifice. Qui est donc cet Autre que les dramaturges présentent et cherchent-ils réellement à aller au-devant de lui ou ces figures exogènes à facettes ne sont-elles pas en réalité le moyen de se définir soi?
Après un master recherche à Rennes 2 sur le théâtre et la subversion au temps de l’absolutisme, Vanessa Boulaire, actuellement chargée de cours à Paris 3 où elle prépare un Doctorat sous la direction de Sylvie Chalaye, oriente ses recherches sur l’altérité et la représentation de l’Autre dans le théâtre français au temps de l’Ancien Régime et les enjeux politiques et philosophique de ceux-ci. Anthropologie et Histoire du théâtre sont au centre de sa thèse. Membre du laboratoire Scènes Francophones et Écritures de l’Altérité (SeFeA), elle est également liée au groupe Théâtre(s) Politique(s) soutenu par Paris X-Naterre.
Axel Arthéron (Université Antilles Guyane/Paris 3)
La révolution de Saint-Domingue (1791 – 1804) dans les théâtres africains et caribéens d’expression française.
Notre sujet interroge les interactions souterraines entre le contexte politique et l’émergence de formes dramatiques. En effet la remise en cause de l’impérialisme et du colonialisme augurée à partir de la fin de la seconde guerre mondiale, puis avec les décolonisations en Afrique et dans la caraïbe, conditionnent l’émergence d’une esthétique théâtrale africaine et caribéenne francophones. Dans cette perspective, l’épopée historique de la révolution nègre de Saint Domingue fournit à la fois l’exemple de la première décolonisation noire de l’histoire moderne et un substrat idoine pour le renouvellement des catégories dramatiques. Il y a tout lieu de s’interroger ici sur les raisons du double choix du genre et du thème de la révolution. Bien plus, il convient de se demander en quoi ce double choix participe d’un acte politique fondateur.
ATER à l’Université des Antilles et de la Guyane ainsi que membre du laboratoire SeFeA de la Sorbonne Nouvelle-Paris 3. Il prépare une thèse sur la Révolution nègre de Saint Domingue dans les théâtres afro-caribéens d’expression française à l’Institut de Recherche en Études Théâtrales de Paris 3 sous la direction du professeur Sylvie Chalaye. Dans une perspective interdisciplinaire, son travail de thèse interroge les écritures qui ont élucidé le motif de la révolution haïtienne. Il collabore à de nombreuses revues.
Agathe Bel (Université Fédérale de Bahia/Paris 3)
La poétique de la truculence dans les dramaturgies contemporaines des diasporas afro-descendantes en France, au Brésil et aux Etat-Unis.
Cette thèse vise à établir la truculence comme une poétique opérante dans les dramaturgies de diasporas afro-descendantes en France, au Brésil et aux États-Unis. Elle propose d’analyser l’ambivalence du concept, de la faillite identitaire historique du corps social diasporique à la célébration des corps théâtraux par un grotesque moderne. La poétique de la truculence, en tant que marronnage dramatique, ouvrent des nouveaux chemins de construction du corps diasporique.
Jeune chercheuse, membre du laboratoire SeFeA, elle prépare une thèse en cotutelle avec l’université Fédérale de Bahia et la Sorbonne Nouvelle-Paris 3, sous la direction des professeures Antonia Peirera et Sylvie Chalaye. Elle consacre sa recherche aux dramaturgies contemporaines d’Afrique et des diasporas. En 2007, elle est partie au Bénin, trois mois de résidence pour proposer une traversée de Jaz de Koffi Kwahulé. En 2010, elle est partie mener ses recherches de terrain à Salvador de Bahia au Brésil. Son activité artistique est principalement tournée vers le clown.
Sylvie Ngilla (Université de Minneapolis/Paris 3)
Nouvelles perspectives du chaos dans les dramaturgies contemporaines francophones.
Analyse critique des expressions du chaos dans les écritures théâtrales contemporaines africaines. Dans une perspective pluridisciplinaire (littéraire, dramaturgique, philosophique, et post-coloniale) mon travail met en relation les oeuvres dramatiques de six auteurs: Caya Makhélé (Congo), Koffi Kwahulé (Côte d’Ivoire), José Pliya (Bénin), Marcel Zang (Cameroun), Kossi Efoui (Togo) et Dieudonné Niangouna (Congo) à partir des conditions de possibilité de nouvelles esthétiques théâtrales du chaos qui dessinent les contours d’une nouvelle manière d’écrire le théâtre dans les diasporas africaines.
Sylvie Ngilla est actuellement assistant professor (maître de conférence) de littérature et langue française à l’Université de San Diego en Californie (aux Etats-Unis). Elle finit sa cotutelle de thèse « Nouvelles perspectives du chaos dans les dramaturgies contemporaines africaines francophones » avec le département de Littérature Française et Francophone de l’Université du Minnesota à Minnéapolis et le département des Études Théâtrales de l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3, sous la direction de Mária Brewer et Sylvie Chalaye.
Anaïs Nony (Université de Minneapolis/Paris 3)
Théâtres de l’errance.
Approches philosophiques des interactions entre mémoire et écran dans la création théâtrale francophone de 1980 à nos jours.
Anaïs Nony est en cotutelle de thèse sous la direction de Sylvie Chalaye à l’Institut de Recherche en Etudes Théâtrales à l’Université Sorbonne Nouvelle- Paris 3 et de Mária M. Brewer au Département de Français et d’Italien à l’Université du Minnesota. Elle est membre du la boratoire SeFeA et travaille au sein du séminaire Pharmakon avec le philosophe Bernard Stiegler. Sa thèse questionne par quels procédés poétiques et esthétiques les théâtres de la postmodernité redéfinissent l’errance.
Pénélope Dechaufour (Sorbonne Nouvelle-Paris 3)
La poétique de Kossi Efoui : contexte, enjeux et perspectives d’une écriture marionnettique.
Qu’il s’agisse de l’écriture romanesque ou dramatique, l’œuvre de Kossi Efoui est structurée par le dispositif théâtral et l’esthétique plastique aussi bien qu’ontologique, de la marionnette. Ces modalités innervent la fable et fécondent le drame à travers une poétique particulière, souvent qualifiée d’hermétique, dont ce travail a pour but d’exposer les mécanismes tant dans la genèse des textes, leur forme écrite, que dans leur passage à la scène, notamment dans le cadre du compagnonnage de l’auteur avec la cie Théâtre Intuile. Au carrefour de différentes sciences humaines, cette recherche pluridisciplinaire, souhaite mettre en relief les réseaux d’intertextualités que convoque l’écriture polymorphe et polyphonique de Kossi Efoui, une poétique du matériau en devenir.
Enseignant-chercheur (ATER/Doctorante) en Études Théâtrales à l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3, Pénélope Dechaufour prépare une thèse sous la direction de Sylvie Chalaye, au sein du laboratoire Scènes Francophones et Écritures de l’Altérité (SeFeA), dont elle assure le secrétariat scientifique. Prix 2011 de la Chancellerie des Universités de Paris, elle est actuellement membre de l’IRET et chercheur associé au programme « Marionnette et censures » (dir. J. Sermon et R. Fleury). Sa thèse porte sur l’œuvre de Kossi Efoui abordée comme une écriture marionnettique. Elle a notamment collaboré au numéro 18 de la revue PUCK, « Marionnettes en Afrique ». Elle est également chroniqueuse pour Africultures et ZigZag magazine. Elle a enfin monté le projet et co-mis en scène Io(tragédie) de Kossi Efoui en RDCongo, un travail ayant abouti sur le film Io à Lubumbashi dont elle a assuré le scénario.
Amélie Thérésine (Sorbonne Nouvelle-Paris 3)
Le phénomène Dieudonné Niangouna : entre exhibition et performance. Nouvelles modalités d’exposition du corps au début du XXIème siècle.
A partir d’une approche en sociologie des arts (approche externe et interne de l’œuvre), il s’agira de définir la singularité d’une écriture dramaturgique ou plutôt scénique et d’appréhender les modalités d’exposition du corps qui ont été les siennes pour « advenir » à la scène c »st-à-dire forger un espace de « visibilité » ou d’audience pour son théâtre.
Agrégée de Lettres Modernes, enseignante dans le secondaire en charge d’une option facultative « Théâtre et expression dramatique ». Après un Master 2 réalisé au Centre International d’Études Francophones (Sorbonne-Paris 4), Amélie Thérésine commence un Doctorat au sein du laboratoire « Scènes Francophones et Écritures de l’Altérité » (SeFeA) de la Sorbonne Nouvelle-Paris 3 sous la direction de Sylvie Chalaye consacré au phénomène Dieudonné Niangouna, entre exhibition et performance, questionnant les modalités nouvelles d’exposition du corps que manifeste son théâtre.
Fanny Le Guen (Université Paris IV), docteur invité.
Belles de jaz, voix et violence des figures féminines dans le théâtre de Koffi Kwahulé.
Koffi Kwahulé est l’héritier d’une culture littéraire, artistique et théâtrale ivoirienne. Exilé en France depuis trente ans, son écriture s’élabore dans une tension transatlantique et se veut constitutive d’une mythologie contemporaine, féminine et noire. L’ambition rhapsodique de cette dramaturgie est de déconstruire, à travers la voix et la violence de puissantes figures féminines héritées des personnages archétypiques du Théâtre Ivoirien, tant le drame classique que les représentations historiques et culturelles qui gangrènent les relations internationales. Les figures féminines en Belles de jazz donnent le tempo à cette dramaturgie qui, comme le Théâtre Noir nord-américain du milieu du siècle dernier, développe une rhétorique du jazz au cœur de la mythologie de l’auteur.
Après un Master 2 Recherches en Arts, Etudes théâtrales, réalisé à Rennes 2, Fanny Le Guen a soutenu le 18 décembre 2012 un Doctorat de Littératures françaises et Comparée à La Sorbonne -Paris 4, sous la direction de Denis Guénoun (mention très honorable avec les félicitations du jury). Elle est membre du Laboratoire SeFeA (Paris 3). Sa thèse s’intitule : « Belles de jazz, voix et violence des figures féminines dans le théâtre de Koffi Kwahulé. » Elle est l’auteure de plusieurs articles scientifiques notamment : « Kossi Efoui, une écriture de l’échappé(e) », in Le théâtre de Kossi Efoui : une poétique du marronnage au pouvoir, L’Harmattan, octobre 2011 ; « Poétique du chœur chez Koffi Kwahulé et Sarah Kane », in Fratries Kwahulé : scène contemporaine chœur à corps, L’Harmattan, juillet 2009 ; « Là où le corps témoigne dans l’œuvre de Koffi Kwahulé », in « Société et énonciation dans le roman francophone », Marquis/CIDEF, Québec, 2009 ; « Les Voix de femmes dans le théâtre de Koffi Kwahulé », in : S.Chalaye (dir.), « Nouvelles dramaturgies d’afrique et de ces diaspora », L’Esprit créateur, Université de Minnesota, octobre 2008.
Ramcy Kabuya (Université de Lubumbashi/Lorraine), doctorant invité.
Les nouvelles écritures de la violence dans la littérature africaine francophone à partir de 1980. Les enjeux d’une mutation.
Dans les années 80, les « nouvelles écritures » se sont imposées dans le champ littéraire africain francophone. Parmi les nouveaux auteurs, Sony Labou Tansi fait figure de tête de proue grâce à son écriture débridée de la violence. Mais vers les années 2000, de nouvelles esthétiques, sous le sceau de la parcimonie, voient le jour. Cette étude tente d’expliquer ces ruptures en examinant parallèlement les esthétiques particulières et l’évolution du champ littéraire dans lequel elles s’insèrent. L’analyse s’appuie autour des textes de Sony Labou Tansi, Kossi Efoui, Théo Ananissoh et Edem Awumey.
Après un master recherche en Lettres et Civilisations françaises à l’Université de Lubumbashi en RDCongo, Ramcy Kabuya a intégré le Centre d’Etudes Littéraires et de Traitements des Manuscrits (CELTRAM) en tant qu’assistant de recherche. Il prépare une thèse en cotutelle aux Universités de Lubumbashi et de Lorraine (Paul Verlaine de Metz) sous la direction de Huit Mulongo et Dominique Ranaivoson. Il est rattaché au Centre écriture et à l’APELA. Ses travaux portent sur l’histoire littéraire africaine et les innovations esthétiques.
Roselaine Bicep (Sorbonne Nouvelle-Paris 3), présentation de travaux de Master.
Le masque dans les dramaturgies guadeloupéennes. Gerty Dambury, Arthur Lerus et Frantz Succab.
C’est en questionnant l’Etre et le Paraître dans la société guadeloupéenne que nous avons fait émerger le masque. Ce masque qui cache et qui révèle en même temps et qui s’échappe aussitôt appréhendé. Le masque dont il est question dans les dramaturgies guadeloupéennes, se manifeste sous différentes formes. Enfoui, dissimulé, nous l’avons identifié comme un masque de comportement. Déguisement, comédie, travestissement, détour ; ce masque inhérent à la société guadeloupéenne, est advenu comme protection face à l’agression que causa la traite négrière : mise en esclavage, dispersion des familles, brutalité des esclavagistes…
Comédienne, conteuse, metteuse en scène, pédagogue, chanteuse. Formée, à l’origine au théâtre du Cyclone (Guadeloupe), Roselaine Bicep a multiplié les formations. Des études universitaires (Master en Etudes Théâtrales à la Sorbonne Nouvelle-Paris 3) lui ont permis d’enrichir son parcours en alliant la théorie à la pratique. Elle a créé la Compagnie Indigo Théâtre en juillet 1999. Elle a mis en scène plusieurs spectacles tant classiques, « Songe d’enfants », adaptation du Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare et la « Flûte enchantée » de Mozart, que contemporains, Devos, Martone, Saint Exupéry, etc. Conteuse, elle écrit également des contes en créole et français qu’elle met en scène et raconte en collaboration avec des musiciens.
« A Negress of Noteworthy Talent : Kara Walker, l’alliance miraculeuse » par Rémi Astruc
La plasticienne Kara Walker, âgée d’une quarantaine d’années, est une artiste afro-américaine qui produit une œuvre parmi les plus impressionnantes et les plus séduisantes de l’art contemporain. Ses fresques d’une délicatesse infinie rejouent en noir et blanc les grâces de la silhouette de papier et de l’ombre chinoise mais mêlées aux atrocités des rapports de race et de sexe dans les Etats-Unis de la guerre de Sécession. Hantée par le récit d’esclave du XIXe siècle, elle en explore l’héritage et les séquelles au fond de sa propre psyché, interrogeant ainsi la condition noire aujourd’hui.
Rémi Astruc, professeur de littérature comparée et littératures francophones à l’Université de Cergy-Pontoise, s’intéresse plus particulièrement aux écritures comiques et notamment aux représentations comiques de soi. Travaillant plutôt sur le roman et le cinéma, il a publié plusieurs ouvrages sur le grotesque dont une étude théorique: Le Renouveau du grotesque dans le roman du XXe siècle, essai d’anthropologie littéraire, Paris, Classiques-Garnier, 2010 et des analyses concrètes: Vertiges grotesques: esthétiques du « choc » comique (roman – théâtre – cinéma), Paris, Honoré-Champion, 2012. Il s’intéresse également à la notion de spectacularité dans les arts et aux relations entre les œuvres et la pensée de la communauté.
Nous vous invitons à lire un article en ligne de Rémi Astruc avant le séminaire : Stéréotypes grotesques et identité noire : quels héritages de l’esclavage ?
Autour du projet « En guise de divertissement » – Texte de Kossi Efoui – Compagnie Théâtre Inutile
Quel traitement public faisons-nous des corps ?
« En guise de divertissement… s’intéresse au traitement public des corps et au divertissement qu’il implique quand il s’agit de mettre en spectacle la souffrance humaine. À ce terrain de jeu viennent s’ajouter des questionnements sur la notion de Regard : des zoos humains aux reality-show en passant par le bûcher des hérétiques, quelle est la place du spectateur ? Comment nous donne-t-on à voir ? Comment se fabrique notre regard ? Car, tout comme le spectacle, le regard aussi se fabrique. Et se déplace. Si certains (mauvais) traitements publics des corps ont pu être considérés à une époque comme « acceptables », c’est parce que ce regard avait préalablement été conditionné. Le concept d’« humanité » Le terme d’humanité a connu différents fondements et différentes mises en scène à travers l’Histoire : des critères d’exclusion – le sexe, la race, la difformité ou la folie – ont renvoyé certaines personnes à la frontière, quand ce n’était pas au dehors de l’humanité. Nous cherchons à travers les différentes situations de divertissements comment l’humanité s’y reflète. De quoi faisons-nous spectacle ? La question qui nous intéresse, c’est justement le spectacle. Dans notre démarche, nous ne le montrerons pas, nous le représenterons. De cases vides en cases vides. À la manière d’un road movie, nous établirons un récit qui passe à travers l’Histoire pour dire « l’espace » de la catastrophe. Avec un chœur de corps (comédiens et mannequins) et de voix. » Nicolas Saelens, février 2012.
Hurel Régis Beninga (Sorbonne Nouvelle-Paris 3), docteur invité.
Le théâtre en Centrafrique : crise identitaire ou pratiques amateurs ?
La représentation de la pièce A moléngué ti indépendance de l’Abbé Benoît Basile Siango en 1961 est considérée comme le principal point de repère du « théâtre centrafricain ». Pourtant, cinquante ans plus tard, ce théâtre semble sombrer dans une certaine léthargie. Plus qu’une crise identitaire, la pratique amateur demeure un des problèmes majeurs du théâtre dans ce pays, malgré quelques exceptions qui ont tout de même le mérite d’être soulignées.
Hurel Régis BENINGA a commencé sa formation artistique à l’Ecole Nationale de Théâtre d’Abidjan. Titulaire d’un Doctorat en Théâtre et Arts du Spectacle de la Sorbonne Nouvelle-Paris 3 où il enseigne actuellement au département de Médiation Culturelle, il a participé à plusieurs créations artistiques. Depuis 2006, il anime des ateliers de contes théâtralisés et d’expressions artistiques en Normandie. Auteur de deux recueils de Poèmes « Quand le cœur parle… » et « Chœurs des cœurs » publiés aux Editions ARTHERA, Hurel Régis BENINGA s’intéresse depuis quelques années à la réalisation audiovisuelle. Il vit ses premières expériences de réalisateur avec « C’est ça la France », une série de courts métrages diffusés en prime time sur la chaîne 3ATélésud en 2008, en compétition officielle à la 21ème édition du FESPACO au Burkina Faso et au Festival PANAFRICA International de Montréal en 2009. Après PARADOXE, présenté au Festival de Cannes en 2011, son dernier film « Une couleur de vie », est sélectionné en compétition officielle au FESPACO 2013.
Documentaire : Io à Lubumbashi, réalisé par Jeanne Lachèze et Pénélope Dechaufour.
Ce making of nous transporte à Lubumbashi, en République Démocratique du Congo, où la jeune troupe de théâtre Mulao se prépare à la représentation de la pièce Io (tragédie) de Kossi Efoui. Pénélope Dechaufour, à l’époque en master d’études théâtrales et porteuse du projet, est confrontée aux témoignages et débats des comédiens déclenchés par l’écriture novatrice de Kossi Efoui, dans un pays où la corruption et les privations de liberté sont omniprésentes. Manque de moyens et difficultés d’organisation empêcheront-ils la troupe congolaise de mener à bien ce projet ? Le documentaire balance entre une réalité difficile mais chaleureuse à la fois, et la poésie d’un auteur qui inspire et dépasse les frontières.
« Le corps grotesque sur la scène africaine : un comique résistant » par Christine Ramat
Les dramaturgies africaines contemporaines développent des écritures violemment charnelles qui convoquent toutes les formes de monstruosité physique. Obscènes, abjects ou scandaleux, les corps s’inscrivent dans une théâtralité de l’excès qui n’exclut pas une dimension comique. Koffi Kwahulé met en scène des monstres clownesques qui évoluent dans l’univers du music-hall et du cabaret. Chez Sony Labou Tansi, la scénographie des corps obscènes bascule dans l’outrance ubuesque. Dans le théâtre de Kossi Efoui, les corps se situent dans l’entre-deux. Hybrides et débridés ils jouent le double jeu de l’humour et de la subversion en se plaçant au carrefour du visible et du risible. Toutes ces corporéités grotesques provoquent un puissant effet de déstabilisation. Pas seulement parce que le grotesque entretient des connivences avec le pulsionnel, mais aussi parce qu’il fait déborder le corps des carcans physiques et identitaires. A ce titre, il semble conserver un fort potentiel critique. En quoi le grotesque est-il un mode de résistance opératoire dans le théâtre africain contemporain ? Comment s’approprie-t-il, pour le renouveler, l’héritage de la tradition du grotesque occidental ? Pour produire quels effets, quels regards sur le théâtre et le monde ? C’est à ces questions que nous nous proposons de répondre.
Christine Ramat (Laboratoire ICD, Université F. Rabelais, Tours) enseigne à l’IUFM Centre Val de Loire et à l’université d’Orléans. Elle a publié sa thèse : Valère Novarina, La Comédie du verbe en 2009, chez l’Harmattan. Ses travaux de recherche portent actuellement sur le renouveau du grotesque dans les écritures dramaturgiques contemporaines. Elle a consacré plusieurs articles aux dramaturgies africaines. « Les Langues de carnaval dans les écritures des Caraïbes ou le bel envers de la Littérature » in Penser le carnaval : variations, discours et représentations, sous la direction de B. Ndagano, éd. Karthala, oct. 2010 / « Politique grotesque et grotesque politique sur la scène africaine », in Théâtre et Politique : les alternatives de l’engagement, Presses universitaires de Rennes II, coll. Interférences, décembre 2012. / « Guerre, chaos, désastre sur la scène africaine contemporaine : le détour par le comique grotesque », in Le grotesque en littérature africaine, (R. Astruc, P. Halen (Dir.) Université Paul Verlaine, Metz, Centre de recherches « Ecritures », collection « Littérature des mondes contemporains », Série Afrique, n° 7, juin 2012.
Blodwenn Mauffret (Sorbonne Nouvelle-Paris 3), docteur.
Le carnaval de Cayenne : esthétique et subversion. Histoire d’un phénomène festif issu du fait colonial.
Ce travail de doctorat en Etudes Théâtrales aborde le carnaval de Cayenne en tant que phénomène festif issu du fait colonial et interroge les mécanismes d’ajustement qui ont amené esclaves et « gens de couleur libres » à retourner une fête religieuse, au service d’une coercition imposée par l’ordre colonial et esclavagiste, en une pratique subversive. Il s’inscrit dans le champ des Etudes Théâtrales et aborde le carnaval à travers sa dramaticité. L’histoire du carnaval, des premiers temps de la colonie jusqu’à la période contemporaine, montre une mise en place d’esthétiques originales qui autorisent toutes les subversions.
Chercheure, membre du laboratoire SeFeA. Blodwenn Mauffret a soutenu, le 5 décembre 2012, sa thèse de Doctorat en Etudes Théâtrales à l’université Sorbonne Nouvelle-Paris 3 sous la direction du Professeur Sylvie CHALAYE – mention très honorable avec les félicitations du jury. Elle est l’auteure de plusieurs articles scientifiques sur le carnaval tel que « Les différentes modalités du travestissement d’homme en femme dans le carnaval de Cayenne. Esthétique et Subversion », in « Penser le carnaval – Variations, discours et représentations », sous la direction de Biringanine Ndagano, édition Karthala, 2010 et d’un ouvrage : « Le carnaval de Cayenne. Le jeu carnavalesque : une esthétique de proximité », Ibis Rouge, Matoury, 2005.
Lima Fabien (Sorbonne Nouvelle-Paris 3), présentation de travaux de Master.
Passages, passerelles et chemins carnavalesques dans l’univers des dramaturgies contemporaines des Caraïbes.
Ce mémoire suit les traces du Carnaval des Caraïbes, ce moment festif devenu évènement incontournable où une grande majorité de la population se trouve impliquée. À travers les œuvres des auteurs dramatiques contemporains des Caraïbes de la Martinique, de la Guadeloupe et de la Guyane, nous essayons de découvrir les nouveaux enjeux et les nouveaux révélateurs d’une pensée emprunte de créolité. Avec Caya Makhélé dramaturge congolais et son œuvre L’Étrangère qui aborde le Carnaval des Caraïbes et d’autres pratiques culturelles comme le vaudou par exemple, et le travail d’Alphonse Tiérou chorégraphe de la Côte d’Ivoire, nous cherchons les liens africains des dramaturgies contemporaines des Caraïbes évoquant le Carnaval. Et enfin, nous nous intéressons aux publics des Caraïbes qui assistent au Carnaval ou aux pièces de théâtre et leurs complexités.
Lima Fabien est née à Dakar au Sénégal, d’origine martiniquaise et guyanaise, elle a grandi en France, dans l’Est. Comédienne, chanteuse, elle est aussi l’auteur de deux recueils de poésie publiés : Un point de vue (Édition La pensée universelle, 1983) et Poutchi Pouki à jamais libre (Édition Silex Nouvelle du Sud, 2002). Elle est enfin chercheur, membre du laboratoire SeFeA. Lima Fabien a récemment soutenu un mémoire de Master Recherche en Etudes Théâtrales à l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris3.
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