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Les musiques Afro-Colombiennes sont héritières de multiples traditions d’Afrique occidentale. Tambours, chants et frappements de mains étaient utilisés par les Africains pour invoquer les esprits, célébrer les naissances et pleurer les morts, accompagner le travail et les festivités, se souvenir des histoires de résistance et exalter l’amour.
Ces pratiques, croyances et savoirs musicaux, d’une grande profondeur spirituelle, ont traversé l’Atlantique, et sont vivants en Colombie.
Les Africains sont arrivés en Colombie dans les navires négriers, entre 1590 et la fin du XIXe siècle. On estime qu’environ 10 millions de personnes ont été transportées, par des négriers français, anglais, portugais et espagnols. Ils étaient principalement originaires de Sénégambie, du Golfe de Guinée, et du Royaume du Kongo. Le principal port d’arrivée était la ville de Cartagena de Indias, sur la côte caraïbe colombienne. Les esclaves ont résisté à l’oppression par différents moyens, en organisant des rébellions ou en formant des communautés d’esclaves libres dans l’intérieur du pays appelés « Palenque ». Aujourd’hui, les habitants de la côte caraïbe colombienne sont principalement issus du métissage d’Africains, d’Européens et d’Amérindiens. En Colombie vivrait la deuxième plus grande population d’Afro-descendants d’Amérique Latine (environ 15 millions de personnes) . Il existe de rares territoires presque uniquement peuplés de descendants d’Africains, comme par exemple le Palenque de San Basilio.
Les musiques Afro-Caraïbes de Colombie sont extrêmement variées et les genres musicaux s’entremêlent. On peut citer entre autres:
Les « Bailes cantaos » (« Danses chantées »)
Ce sont les manifestations les plus traditionnelles, composées de tambours, chants responsoriels et frappements de mains, et accompagnées de danses. Elles célèbrent la liberté, la vie quotidienne, la religiosité, la fécondité… On peut citer les genres « chalupa », « mapalé » et les chants brûlants du « Bullerengue » et enfin le « Lumbalu ».
Le Bullerengue
Rythme rituel afro-colombien né dans la communauté de Palenque de San Basilio**. Héritier des expressions esthétiques africaines, il a été réinventé de l’autre côté de l’Atlantique. Le Bullerengue est un rythme joyeux, plein d’énergie et de force vitale. Il peut être joué lors des cérémonies d’initiation des jeunes filles, ou pour rendre hommage aux défunts.
Le Bullerengue est joué avec les tambours Llamador (« tambour d’appel ») et Alegre (« Joyeux »), parfois des maracas ou des palettes de bois entrechoquées, et accompagné de chants et de frappements de mains.
Le rite du LumbaluEn langue « Bantoue » de Palenque, « Lu » signifie « Collectif » et « Umbalu » signifie « Souvenir, douleur ». Ce dernier « au-revoir », chanté et dansé, ouvre au défunt le chemin vers le monde des morts. On entend des chants plaintifs très spécifiques du « Lumbalu ».
Source : Alice Raulo
La cumbia est un genre musico-chorégraphique né au XVIIe siècle en Colombie. Elle s’est répandue dans de nombreux pays d’Amérique Latine, au Panama, à Cuba et surtout en Bolivie, au Pérou et depuis quelques dizaines d’années en Argentine, pourtant plus éloignée.
Accompagnant à l’origine les veillées funèbres des esclaves, exécutée au son de 3 types de tambours : le Llamador (« tambours d’appel »), l »Alegre (« le joyeux ») et le Tambora (grand tambour à double peau), elle s’est peu à peu métissée avec les cultures locales. Les amérindiens y ont apporté les maracas et divers instruments mélodiques à vent, le plus emblématique étant la « gaïta », une longue flûte indigène ancestrale. Les influences espagnoles y sont part ailleurs totalement notables au niveau des costumes et de la chorégraphie (inspirés du flamenco ou des encierros de corrida) ou de la mélodie (chants en espagnol).
Le mot cumbia serait issu de langue bantou dérivant du mot cumbé, rythme et danse de Guinée équatoriale (Afrique de l’Ouest). Le mot pourrait également dériver du mot cubain cumbancha qui signifie fête, petit orchestre.
Le village du Palenque de San Basilio, qui compte près de 3 500 habitants, est situé dans les contreforts des Montes de María, au sud-est de Cartagena, la capitale régionale.
Le Palenque de San Basilio est l’un des villages fortifiés appelés palenques fondés au dix-septième siècle par des esclaves fugitifs cherchant refuge (cf Marronnage)
Des nombreux palenques qui existaient jadis, seul San Basilio a survécu jusqu’à nos jours. Il est reconnu au Patrimoine Mondial Culturel Immatériel à l’Unesco.