Probablement importé par des esclaves noirs, la Moutia se joue sur la plage, autour d’un feu, à la lueur de la lune. Son rythme répétitif rappelle celui du Maloya de la Réunion et des ségas traditionnels de Maurice et de Rodrigues. Il faut d’abord chauffer les tambours près des flammes pour les accorder et donner le tempo. Au nombre de 3, les tambours-moutia, ronds et plats, sont tendus d’une peau de cabri. Entonnés sous la forme spontanément improvisée d’un dialogue entre un homme et une femme, les chants racontent l’exil, l’exploitation quotidienne dans les plantations et le rêve d’une vie meilleure. Plein d’humour, ils mêlent complaintes, satire sociale et histoires d’amour. L’alcool aidant, les esclaves s’accordaient jadis en ces occasions une grande liberté d’expression. Condamné par l’Eglise qui voyait dans la gestuelles suggestive du couple de danseurs – l’homme descend sur la femme et sans la toucher imite l’acte sexuel – une débauche portant atteinte à la moralité publique, le moutia fut strictement réglementé. Une loi délimitait en effet les endroits où l’on était autorisé à allumer le feu et à frapper le tambour, afin de préserver la tranquillité des Blancs.
Le séga seychellois ressemble au moutia. Les couples dansent face à face, sans jamais se toucher, suggèrent le jeu de la séduction et de l’attirance sexuelle. Elle évoque, sous forme de parodie créole, les choses de la vie quotidienne. Plusieurs musiciens battent le rythme sur leurs tambours-séga, longs et étroits, sculptés dans des troncs de cocotiers,qu’ils tiennent entre leurs jambes. La ravanne (grosse caisse), le triangle et la maravanne (maracas), lui répondent.
Différent du précédent, le séga-tremblé, probablement d’origine malgache, a conservé des rythmes plus saccadés. Envoutés par le son des tambours, les danseurs semblent entrer en transe.